Droit et Politique dans les arts graphiques américains (11). Thomas Hart Benton (1889-1975)
« Originaire du Midwest, né dans le Missouri, et fils d’un membre démocrate du Congrès, (Benton) reçut néanmoins une formation internationale. Il étudia à l’Art Institue de Chicago, puis à paris, où il se lia avec Stanto MacDonald Wright (1890-1974) (…). Il rencontra également quelques membres de l’avant-garde parisienne, notamment Rivera, encore cubiste à l’époque, et Leo Stein. Alors qu’il servait encore dans la marine durant la guerre, il avait conçu le projet de réaliser une série de peintures murales sur le thème de l’Epopée historique de l’Amérique (…). Il avait initialement prévu d’en réaliser au moins soixante-quinze, et, à la fin des années 1920, dix-huit d’entre elles étaient achevées. Ces œuvres s’inspiraient de descriptions qu’il avait lues sur la méthode de travail du Tintoret (…). Les peintures de Benton possèdent d’ailleurs le dynamisme et la vigoureuse distribution des formes du peintre vénitien, qualités qui caractériseront désormais son œuvre. (…) Benton fut (…) chargé de peindre une série d’œuvres pour la Bibliothèque du Withney Museum of American Art, situé, à l’époque, dans la 8e rue, à Greenwich Village. Le thème en était les Arts de la vie en Amérique aujourd’hui. (…) Le panneau le plus original de la série, décor d’une lunette (est) intitulé Affaires politiques et bluff intellectuel. Les peintures murales du Withney Musuem rencontrèrent dans la presse un écho mitigé. (…) Des professeurs et des étudiants de l’Art Students’ League firent circuler une pétition demandant que les œuvres fussent détruites, sous le prétexte que Benton s’était montré raciste dans sa représentation des Noirs américains. Le peintre perdit tous ses élèves noirs, ainsi que quelques blancs libéraux [traduction de liberal : il valait mieux traduire « quelques blancs de gauche »] (…). Il eut (ensuite) l’occasion de recevoir une autre commande de peinture murale, beaucoup plus importante, de 70 m de long sur 4,20 m de haut, pour le pavillon de l’Indiana, à la Foire mondiale de Chicago de 1933. … ». Parks, the Circus, the Klan, the Press, une composante de cette peinture murale, lui vaudra des récriminations, parce que l’oeuvre figure notamment le Ku Klux Klan (une "Klavalcade", selon un néologisme qui n’est pas resté dans la langue française). Il est vrai que l’Indiana fut l’un des fiefs du Ku Klux Klan. (Glisser la souris sur le tableau pour avoir le titre du tableau).