Aux États-Unis, la notion de race est utilisée de manière routinière par
les médecins en tant que variable biologique, culturelle ou sociale,
selon les situations de soins. Croisant les notions de citoyenneté, de
responsabilité et de droits civiques, ainsi que les questionnements autour de la
politisation de la science, cet ouvrage retrace l’histoire de la médicalisation du
corps noir par la profession psychiatrique aux États-Unis, du xxe siècle jusqu’à
l’époque contemporaine. Conjuguant l’histoire et la sociologie, il est ainsi
question de retracer les différents régimes par lesquels la notion de race a été
jugée pertinente par les psychiatres pour naturaliser les différences corporelles
des années 1920 jusqu’à l’époque contemporaine. En s’appuyant sur un corpus
d’archives personnelles de médecins, d’institutions de soins et de centres de
recherche en psychiatrie, ainsi que sur une enquête qualitative réalisée auprès
de psychiatres en Californie, ce livre démontre que la catégorie de race irrigue
encore et toujours les pratiques et les discours institutionnels, aussi bien dans
les représentations que les médecins véhiculent des corps soignés, que dans les
stratégies de naturalisation du social employées pour prendre en charge leurs
patients.